EXTRAITS CHOISIS

Notre plus belle ambassade
Aujourd'hui, le Tour est menacé dans sa crédibilité et dans sa réputation. Et j'ai de bonnes raisons de penser que ceux qui veulent mettre la main sur lui, ou l'abattre parce qu'il dérange, ont voulu qu'il en soit ainsi. Or j'aime trop le Tour de France pour laisser faire sans réagir. Je sais trop ce qu'il représente pour notre pays. Je veux faire en sorte qu'il puisse demeurer notre plus belle ambassade.
 
Sauver le Tour
Pour l'image même de notre pays, il faut qu'il nous survive très longtemps et qu'il continue à passionner les foules venues de tous les horizons, contribuant par là même à rapprocher les peuples, à leur apprendre à mieux se connaître et à s'aimer. Le Tour a su prendre ses responsabilités à cet égard en oeuvrant, avant tous les autres, à la mondialisation de ce sport.
Face au complot qui s'est organisé contre le Tour de France, il est urgent de réagir et de restaurer la fête de juillet pour pouvoir applaudir sans arrière-pensée les coureurs, ces "semeurs d'énergie" comme les qualifiait à juste titre Henri Desgrange, le fondateur de la Grande Boucle.
 
Londres, ville départ
Restait la candidature de Londres. Elle témoignait d'un engouement nouveau pour le sport cycliste en Grande-Bretagne, favorisé par l'engagement résolu d'un petit groupe de connaisseurs désireux, dans un premier temps, de développer des compétitions de haut niveau sur le territoire britannique, puis d'obtenir un grand départ du Tour afin de soutenir leur action et sensibiliser le public.
Le journaliste Phil Ligget nous présenta, lors de réunions internationales, un jeune promoteur d'événements, Alan Rushton,  typically british et organisateur du Kellog's Tour, qui s'évertuait à obtenir la reconnaissance internationale en important sur son épreuve les recettes qui faisaient le succès du Tour de France et du Tour de l'Avenir.
Il bénéficiait du soutien et des conseils avisés d'un certain Pat McQuaid (aujourd'hui président de l'Union cycliste internationale) et de sa famille, qui avaient réussi à faire émerger un cyclisme irlandais dont les porte-drapeaux s'appelaient Sean Kelly et Stephen Roche.
Ce sont eux qui parviendront les premiers à obtenir ce grand départ depuis Dublin du Tour 1998, resté dans les mémoires pour d'autres raisons sur lesquelles nous reviendrons. Quant à Londres, il fallut attendre vingt ans et juillet 2007 avant que la City connaisse les délices d'un prologue du Tour.
 
Le maillot jaune positif
En matière de tempête médiatique, le plus dur restait à venir.
Au matin de ce 19 juillet, tandis que j'arrivais assez tôt sur l'emplacement de départ de ce qui était alors la plus courte étape en ligne de l'histoire du Tour, Tarbes-Pau, le président du jury des commissaires, l'Italien Mario Precce, m'attendait et m'entraîna à l'écart pour me faire part d'une information importante, à savoir qu'il venait de recevoir les résultats des contrôles antidopage effectués à l'issue de l'étape contre la montre de Villard-de-Lans et que deux coureurs se révélaient positifs. Le problème était que l'un d'entre eux n'était autre que le porteur du Maillot Jaune, Pedro Delgado, que rien ne semblait alors devoir empêcher de finir en vainqueur à Paris.
Le président du jury tenait cette information du commissaire français chargé du contrôle au nom de l'UCI, qui n'avait pas à lui indiquer à ce moment de quel produit il y avait positivité.
Le choc fut évidemment dur à encaisser, mais il faut aussi comprendre qu'à la tête du Tour de France, on finit assez vite par être blindé. On est préparé à tous les impondérables.
 
L'expertise de Mitterrand
De la part de François Mitterrand, cela confirmait sa proximité avec les choses du vélo. De tous les présidents de la Vème République, il est assurément celui qui s'est intéressé le plus au cyclisme. Richard Marillier, son voisin dans le Morvan, aimait raconter que chaque année, à l'occasion du Critérium de Château-Chinon organisé dans les premiers jours du mois d'août, il faisait sa propre sélection de l'équipe de France pour les Championnats du Monde, qui avaient lieu le dernier dimanche d'août. Elle correspondait le plus souvent à la sélection finale !
Il vint d'ailleurs nous rejoindre sur le Tour 1985, accompagné de Jean Glavany qui lui avait organisé ce déplacement, et s'amusa à prendre des photos au sommet de la côte de Monteau, avant d'aller présider une cérémonie en hommage aux combattants du Vercors.
 
Roland Leroy et Michel Sardou
À l'exception du représentant de la RDA, tous les autres, à commencer par le rédacteur en chef de la Pravda , étaient passionnés par ce projet et désireux de le voir aboutir. Il est vrai aussi que Roland Leroy y mettait du sien et avait à coeur de réussir l'entreprise. Son goût pour la gastronomie, sa parfaite connaissance des bons vins, sa culture et son humour donnaient à ces déjeuners un caractère sympathique, voire jovial. Ainsi, tandis que je lui rapportais l'anecdote de l'inscription "Merlin" sur la chaussée d'arrivée au pied du Kremlin, il se mit à pasticher Michel Sardou et entonna : «Lénine relève-toi, ils sont devenus fous !»
 
L'influence du Tour
La réussite du Tour, désormais planétaire, l'essor du Tour de la Communauté Européenne et notre popularité auprès du secteur amateur, notamment en relation avec notre implication dans ce Paris-Moscou, c'était trop, et il fallait au plus vite nous empêcher d'étendre notre primauté sur les différentes composantes du cyclisme, au moment où Hein Verbruggen commençait à jeter les bases de son contre-pouvoir, d'abord sous la forme de l'organisation d'une Coupe du monde, préfigurant le futur Pro Tour !
 
Deux approches
À la fin de cette saison 1988, le conflit est donc ouvert avec Hein Verbruggen et je n'accepte pas que soient remis en question les pouvoirs du Tour de France en matière de sélection des équipes, comme pour tout ce qui concerne la direction sportive de l'épreuve. Je combats par ailleurs une approche qui privilégie le côté business au détriment de la partie sportive dans cette réforme du cyclisme, dont je partage en revanche l'objectif avoué d'élargir son influence dans le monde et de mieux rivaliser avec les autres disciplines sportives.
À mon grand regret, Hein Verbruggen va remporter cette première manche faute de combattants !
 
Le dopage vu par Bernard Tapie
Le cyclisme continuait cependant à être la seule discipline sportive où on évoquait cette question. Pour cause, puisque c'était la seule où les contrôles étaient organisés à grande échelle dans le même temps où athlétisme, automobile, football, rugby ou tennis ne voyaient qu'exceptionnellement débarquer un médecin contrôleur, généralement précédé d'un avis de passage afin que chacun prenne ses dispositions !
Ainsi le monde du football baignait-il dans une douce béatitude en la matière, et certains y sont-ils toujours plongés.
La firme Adidas, qui avait été le sponsor du Tour de France, était surtout impliquée dans le football, l'essentiel de son marché, et il n'était donc pas politiquement correct de suggérer que le dopage puisse y exister. C'était d'ailleurs impensable si on considère qu'il s'agit d'un sport d'équipe où la technique serait plus importante que la forme physique. Ben voyons...
C'est donc avec un certain amusement que «Monsieur, je vais vous expliquer», alias Bernard Tapie, me fit l'immense plaisir de commencer à enfoncer un coin dans ces certitudes.
La scène se passe en juin 1987, dans le village VIP du tournoi de Roland-Garros, alors que le directeur général d'Adidas, Bernard Odinet, a invité les directeurs du Tour de France, Jean-François Naquet-Radiguet et moi-même, à rencontrer notamment l'ancien international de football Jean Wendling et Michel Jazy en présence de Bernard Tapie, qui vient de faire une entrée fracassante dans le monde du football après sa réussite dans le vélo.
En venant à nous raconter, comme il se plaît à le faire, ses combats homériques contre Claude Bez et les Girondins de Bordeaux, il se tourne vers nos amis d'Adidas et leur assène : «Je vais vous dire un truc pour ce qui est du dopage : à côté des footballeurs, les coureurs cyclistes, c'est des enfants de choeur !»
Visiblement, Bernard Tapie vient de découvrir la face cachée du football mais j'observe que, depuis cette date, il a rarement réitéré de tels propos. Peut-être ces pratiques ont-elles subitement disparu dans le monde du ballon rond ? Allez savoir...
 
Le dopage génétique
Plusieurs spécialistes sont ainsi convaincus que le dopage génétique n'appartient plus au domaine de la fiction mais est bel et bien déjà répandu et explique certaines performances considérées comme "extraterrestres".
La lecture d'ouvrages scientifiques, comme celle de thèses concernant la thérapie génique, permet de se forger une opinion, confirmée par les chercheurs travaillant sur ces techniques médicales pointues.
 
L'apport des cellules souches
Une autre voie possible est de faire fabriquer de l'EPO à des cellules dont ce n'est pas la finalité, par exemple des cellules cutanées ou musculaires.
Toujours dans ce domaine de la manipulation génétique, il est possible de faire sécréter à une fibre musculaire de l'IGF-1 dont on connaît les vertus (Insulin-like Growth Factor 1) semblables à celles de l'hormone de croissance, pour son action de stimulation.
Dans un article très documenté publié en juillet 2004 dans la revue Pour la science, Lee Sweeney, professeur de physiologie à l'université de Pennsylvanie, explique comment l'augmentation de la production des facteurs IGF-1 accroît le volume des muscles ou le maintient à long terme, y compris en l'absence d'entraînement, en se substituant en quelque sorte à l'exercice physique. L'intérêt en cas d'arrêt prolongé (blessure par exemple) apparaît évident pour le sportif.
Sweeney a pu vérifier cette hypothèse en collaborant avec Roger Farrat, de l'université d'Austin, au Texas.
Ils ont injecté le gène produisant l'IGF-1, associé à un adénovirus, dans le muscle d'une seule patte de rats de laboratoire. Puis ils ont soumis ces rats à un entraînement intensif de huit semaines. Après cet entraînement, la patte traitée développait une force presque deux fois supérieure à celle de la patte non traitée. Puis ces rats ont été mis au repos et on a observé que le muscle traité s'amincissait beaucoup moins vite que le muscle non traité.
Ainsi de nombreuses thérapies, qui ne relèvent plus de la science-fiction, et de nouveaux produits sont-ils à la disposition de ceux qui sont prêts à tout pour augmenter rapidement et artificiellement leurs capacités et posséder ainsi une avance déterminante sur leurs adversaires.
 
Floyd, Landis et la testostérone
Pour autant, l'affaire n'a pas encore livré tous ses secrets, si tant est qu'elle ne les livre un jour. Et dès lors, toutes les suppositions sont permises, des plus plausibles aux plus folles.
Avant tout, il y a toujours la présomption d'innocence, bien que la présence de testostérone soit avérée et que la performance extraordinaire réalisée ce jour-là par Floyd Landis dans les derniers kilomètres de l'étape incite à penser qu'il y a eu un soutien artificiel.
Dans cette hypothèse, on murmure qu'il pourrait s'agir d'une autotransfusion avec du plasma qui contenait des restes de testostérone ingurgitée dans une période d'entraînement. Cette version a été réfutée par l'intéressé sans qu'il puisse expliquer son contrôle positif, si ce n'est en mettant en cause le laboratoire lui-même. Mais c'est là une piste qui ressemble souvent à une impasse quand on connaît le sérieux du travail réalisé par le professeur Jacques de Ceaurriz au laboratoire de Châtenay-Malabry.
Il faut s'intéresser ici à un médicament qui est la nandrolone, véritable vedette des anabolisants et toujours utilisée. L'AMA a constaté que des sportifs pouvaient être victimes de "relargages" après plusieurs semaines, voire plusieurs mois après une injection intra-musculaire. En effet, la nandrolone, lipophile, se stocke dans les graisses des athlètes hors saison pour être "relarguée" en pleine saison sportive lorsque le gras superflu fond. D'où des contrôles positifs qui surprennent sportifs et préparateurs. Une autre hypothèse circule aussi selon laquelle il existe des dopants indécelables qui accentuent la production naturelle de nandrolone. Il y a là évidemment une piste qui donnerait en quelque sorte raison aux uns et aux autres sans toutefois innocenter l'intéressé.
 
Les alliés captifs de l'UCI
En fait de changements elle a proposé ce système fermé, qui répondait à une stratégie habile destinée à isoler les organisateurs des grands Tours, avant de les réduire à l'état de moutons qu'on pourrait tondre.
Aux financeurs, on promet qu'on va leur garantir la participation aux plus grandes épreuves, à commencer par le Tour de France, les obligeant en contrepartie à investir plus d'argent dans le cyclisme et pour des durées plus importantes. Fini la crainte de devoir attendre le bon vouloir des organisateurs pour savoir si on pourra disputer telle ou telle course. C'est l'engagement imposé dans ces épreuves, quelle que soit par ailleurs la réputation de l'équipe ou celle de certains de ses coureurs.
Plus habile et machiavélique encore, le système des licences attribuées aux managers des structures gérant ces groupes sportifs en fait des obligés et des alliés de l'UCI, car leur propre avenir est désormais lié à la pérennité du système, faute de quoi ils craindraient pour leur propre situation.
 
Complot contre le Tour
On l'aura compris : après avoir réussi sans aide extérieure, mais par le talent et le professionnalisme de ses dirigeants successifs, à accéder au niveau des cinq plus grands événements sportifs de la planète, le Tour de France est devenu l'objet de convoitises, et le complot s'est organisé à la fin des années 1980 sous couvert de rééquilibrage des pouvoirs.
 
Le légitimisme d'ASO
Ceux qui sont mus par le goût de la victoire, du pouvoir et de l'argent n'ont en général pas d'états d'âme, et le Tour de France ne peut plus continuer à courber l'échine au nom d'un légitimisme qui lui fait certes honneur mais peut le conduire à sa perte.
 
La menace du "sport-business"
Les même causes produisant les même effets, nous craignons que le cyclisme ne soit lui aussi rattrapé par l'intrusion de personnages et de structures "de passage" n'ayant pour seul objectif que de "faire un maximum de blé" avant de s'intéresser à autre chose. Or, le système du Pro Tour, copié-collé des modèles les plus juteux du "sport-business", porte en lui les germes d'une telle évolution. C'est pourquoi il est à l'opposé des intérêts d'un développement sain du sport cycliste.
 
Réorganiser le cyclisme
Pour cela, nous pensons que le moment est venu de procéder à une véritable révolution, en supprimant d'abord les groupes sportifs tels qu'ils sont aujourd'hui structurés.
Le Pro Tour a poussé à son paroxysme un système qui isolait déjà trop l'élite de la base des pratiquants. L'achat de licences par des managers gérant des sommes qui leur sont confiées par des sponsors, souvent sans beaucoup de contrôle a posteriori, organise concrètement un cyclisme à deux vitesses, à l'image du G 14 en football. Les tentatives de quelques groupes de financer dans le même temps une équipe réserve assurant la formation de jeunes coureurs n'ont pas été encouragés et ont cessé pour la plupart.
Nous proposons donc d'en revenir aux fondamentaux des structures du cyclisme que sont les clubs.
 
Des sélections nationales
Concrètement, les actuels "professionnels" seraient engagés par ces différents clubs, sans distinction de nationalité donc en conformité avec les règles européennes de libre circulation des personnes.
Et on définira les courses invitant ces clubs, français ou étrangers, dont les maillots ressembleront souvent à ceux que l'on connaît aujourd'hui dans les groupes sportifs.
À l'exemple du football, mais de manière plus conséquente, certains de ces coureurs auront la qualification d'internationaux, seront rémunérés complémentairement comme tels par la structure fédérale et seront donc rassemblés dans leurs sélections nationales respectives, tant à l'occasion de stages de préparation que pour les épreuves appelées à se disputer selon la formule "par sélections nationales".
 
Le Tour sur TF1 ?
Enfin, avec l'adoption de cette formule "olympique" appliquée au Tour de France, on renégociera les droits TV sur des bases totalement nouvelles.
J'ai ainsi le souvenir qu'en 1987 nous avions exploré avec les dirigeants de La Cinq, notamment avec Patrice Duhamel, les conditions dans lesquelles une chaîne privée aurait pu être le diffuseur des images du Tour et des épreuves qui lui sont liées.
À l'époque, nous avions reconnu de part et d'autre que les coupures d'écrans publicitaires et, plus encore, l'impossibilité pour La Cinq de disposer d'autres réseaux, à l'instar de France Télévisions, nous interdisaient d'aller plus loin. En outre, nous prenions le risque de perdre des points d'audience avec une chaîne encore jeune.
Désormais, le paysage a changé profondément, et le Tour de France n'est pas obligé de ne s'adresser qu'à France Télévisions. TF1, relayé par Eurosport et LCI, offrirait à l'évidence des possibilités nouvelles en termes d'audience, surtout quand on connaît l'implication de l'ensemble de la chaîne, et particulièrement de ses journaux télévisés, quand elle possède les droits sur un événement sportif. Quant aux coupures publicitaires, elles sont désormais très abondantes sur ce qu'on appelle encore le service public, qui a ainsi ouvert la porte à la concurrence.
 
La renaissance
Révolutionner le cyclisme, en commençant par notre pays, parer le Tour de couleurs nationales en lui conférant la dimension olympique, n'est pas une utopie si on en a la volonté. Toutes les parties prenantes ont quelque chose à y gagner à partir du moment où le public aura plébiscité la nouvelle formule.
Car c'est le public qui donnera, ou non, un avenir au Tour de France et qui le protégera des graves attaques dont il est l'objet.
Ce n'est pas dénigrer l'épreuve que reconnaître que l'édition 2006 a été marquée par une désaffection du public et une baisse d'audience, à l'instar des autres compétitions cyclistes européennes. Le déclenchement de l'affaire Landis, la poursuite des révélations en matière de dopage et le conflit aigu entre UCI et grands Tours ne sont pas de nature à faire revenir facilement ceux qui ont été probablement déçus. Les bonnes promesses et les solutions de replâtrage n'y suffiront pas, d'autant plus qu'on ne peut pas compter sur un champion français qui pourrait réveiller l'intérêt et la fibre nationale.
C'est donc le Tour lui-même, soutenu par la fédération et les pouvoirs publics, qui détient les clefs de sa renaissance, à condition cependant de rompre avec un certain légitimisme qui s'est avéré être un marché de dupes !
 
Quand Nicolas Sarkozy découvre le Tour
Quelques jours plus tôt, toujours en 1986, l'ambiance était plus sérieuse pour le baptême du feu de Nicolas Sarkozy. Il avait eu du nez en choisissant de découvrir le Tour de France à l'occasion d'une étape prometteuse entre Briançon et l'Alpe-d'Huez, qui se terminera en apothéose avec le final Hinault-LeMond main dans la main sur la ligne d'arrivée.
Assis à l'avant de ma voiture tandis que j'ai à mes côtés Patrick Balkany, député-maire de Levallois, le jeune maire de Neuilly ne rate pas une miette du spectacle, ce qui amuse plutôt son collègue de Levallois.
Un brin provocateur, comme souvent lorsqu'il s'agit de bizuter un invité suivant sa première étape, mon pilote nous fait une descente vers l'attaque du col de la Croix-de-Fer pas piquée des vers !
Pour ceux qui connaissent cette route, il faut dire qu'il s'agit d'une sente très étroite avec de très mauvais virages et quelques petits tunnels. Quand on sait que les coureurs dévalent plus vite que nous, la position à cet échelon de la course offre quelques good vibrations, comme l'auraient chanté les Beach Boys...
Un peu verdâtre au terme de cette descente mouvementée digne d'un parc d'attractions, Nicolas Sarkozy se tourne vers moi en m'adressant les mots habituels en ces circonstances : «Au Tour de France, vous avez vraiment des pilotes remarquables !»
Ce même jour, il connaîtra aussi son baptême d'hélicoptère pour rejoindre sans encombre et sans embouteillages l'aéroport de Grenoble depuis l'Alpe-d'Huez ; une journée forte en émotions pour ce fana de vélo.
 
Au patrimoine mondial de l'UNESCO
Que cela plaise ou non à ses détracteurs, mais qui n'échappe pas à ceux qui le convoitent, le Tour de France appartient bel et bien au patrimoine mondial de l'humanité, à côté d'autres grands événements sportifs séculaires comme les Jeux Olympiques, la Coupe de l'America en voile, le British Open de golf ou le tournoi de Wimbledon de tennis.
Ces événements ont en commun d'avoir marqué le vingtième siècle et d'avoir contribué, chacun à leur façon, à favoriser le rapprochement entre les peuples et les échanges internationaux.
À ce titre, ils répondent pleinement aux objectifs poursuivis par l'UNESCO lors de sa création.
Créée en 1946, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture s'est fixé pour but de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationale en resserrant la collaboration entre nations par l'éducation, la science, la culture et la communication.
Bien évidemment, le sport est inclus dans le volet culture et communication et, à ce titre, l'UNESCO organise périodiquement des colloques de qualité traitant du sport.
La dimension internationale prise par le Tour depuis plus de vingt ans, son action dans le domaine de la coopération, son ouverture aux pays émergents, son approche culturelle du sport mettant en avant la défense de ses valeurs le qualifient pour solliciter son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il existe en effet des précédents avec des événements culturels, à côté du classement d'oeuvres architecturales ou de sites naturels.
Notre plus belle ambassade de France mériterait cette distinction, qui serait à coup sûr sa meilleure protection contre les agressions extérieures et comme un gage d'éternité aux côtés des merveilles architecturales de la planète.